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Photo du rédacteurIsa LISE

Et si nous sortions des notes et des évaluations ?


Dans ce billet, nous vous invitons à regarder autrement notes et évaluations et à imaginer une autre réalité.


La culture de l’évaluation assortie de notes et ses conséquences

En France, nous avons une véritable culture des notes et des évaluations. Chacun d’entre nous qui est ou a été scolarisé a ainsi entendu « Tu as eu quelle note ? ». Nous avons ensuite éprouvé de la fierté en annonçant une bonne note et de la honte face à un zéro.

Face à un zéro ou une note médiocre, nous avons trop souvent remis en question notre valeur, pensé que nous ne valions rien. La perte de confiance en soi a régulièrement affecté le reste de notre vie et s’est étendue comme une tâche d’encre. Il existe des infographies sur le net où on voit des moisissures placées dans un récipient d’aliments sains et où peu à peu tout est contaminé, noirci. Les infographies précisent qu’il s’agit là des mots négatifs qui sont dits et peu à peu qui contaminent le reste. C’est le même principe pour les évaluations négatives d’autant qu’elles sont souvent assorties de remarques cinglantes. Une évaluation qui au moins épargne les remarques aura déjà un impact différent.


Lorsque les notes et évaluations laissent croire à tort à des acquis

Parfois notes et évaluations sont une photographie assez juste des connaissances et compétences. Hélas, souvent, elles sont très loin d’être fiables. Ainsi, il existe trois grands types de situation où une évaluation réussie ne reflète pourtant pas une réussite effective :

  • La tricherie. Pour être certain de réussir, certains trichent. C’est un des principaux revers de l’évaluation : pour obtenir un bon résultat, pour plaire, pour faire plaisir, pour «frimer», pour s’épargner des reproches et/ou punitions, pour ne pas décevoir, il peut être tentant de tricher.

  • Le « bachotage » : la répétition parfois jusqu’à l’écoeurement afin de retenir et «recracher» ce qui doit l’être. Problème : le cerveau n’ayant conçu aucune amarre fiable, tout s’envole très très vite. Un des exemples qui m’a le plus frappé : un de mes neveux ayant obtenu 16/20 à une évaluation sur la 1ère guerre mondiale (un évènement pourtant traumatisant) et qui, deux mois plus tard, ne se souvenait plus d’aucun fait, allant jusqu’à oublier la date de fin !

  • Une excellente mémoire : ce qui permet de réciter des connaissances. Problème : elles sont emmagasinées dans le désordre et sans aucune compréhension, ce qui empêche toute acquisition réelle et toute utilisation efficace.

Lorsque les notes et contrôles laissent croire à tort à des non acquis

Plus perturbant et bien trop sous-estimé, notes et évaluations peuvent donner l’illusion que les connaissances et compétences ne sont pas au rendez-vous alors qu’elles le sont !

C’est ainsi que certains, alors qu’ils sont d’excellents élèves, échouent encore et encore à leurs examens. Dans certains cas, on s’interroge assez rapidement car c’est l’ambiance de l’examen qui sanctionne en fait le stress ! Les résultats, eux, sont bons tout au long de l’année. Avec un bon dossier scolaire, des correcteurs attentifs tâcheront de mettre en confiance au rattrapage. Parfois l’alternative n’est pas possible comme c’est le cas pour un examen informatisé tel le code. Il restera à travailler sur le stress. Mais sans cette culture évaluative précoce, le sentiment d’incompétence acquis serait-il aussi prégnant ?

Approchons-nous de cet enfant aux traits crispés : son petit visage rougi se penche vers la feuille, sa main serre très fort le crayon comme un dernier rempart qui pourrait le sauver de l’angoisse qui le gagne. Son cœur bat très vite, il ressent parfois de la nausée, ses doigts glissent sur le rempart-crayon qui devait le rassurer, les doigts sont trop moites ; une goutte de sueur perle sur son visage, il veut l’essuyer, accroche ses cheveux, s’affole, a le sentiment qu’une toile d’araignée s’étend sur son cerveau, l’empêchant de penser. Pourtant il sait ! Mais il sait aussi que s’il a encore une mauvaise note, cela n’ira pas… Il oublie tout. Le verdict tombera bientôt… Trop souvent des mots durs s’ajouteront « n’a pas appris sa leçon ! » « ne fait rien ! ». Pourtant cet enfant là a consacré un temps sérieux à ses apprentissages. Les larmes rouleront sur son visage. A terme, il pleurera de plus en plus souvent, acquérant la certitude de son incompétence ou bien il se fermera : à quoi tenter puisqu’il est incapable ? L’envie d’apprendre disparaitra. La confiance en lui sera trop souvent sabordée.


A qui profite l’évaluation ?

Sans conteste, l’évaluation profite à l’apprenant lorsque les résultats sont à la hauteur des efforts. Dans ce cas évaluations et auto-évaluations présentent un intérêt.

Elle profite également à l’évaluateur s’il a transmis des connaissances et compétences.

Nous avons cependant vu qu’elle dessert celui qui échoue et celui qui réussit sans avoir acquis réellement ce qui est évalué.

L’évaluation est généralement faite pour autrui. En réalisant l’évaluation, on perd donc le bénéfice de la motivation interne. Ce bénéfice peut être retrouvé avec des auto-évaluations.


Evaluons-nous toute connaissance et compétence ?

Lorsque nous avons appris à marcher, avons-nous vécu des évaluations régulières pour vérifier que nous marchions bien ?

Lorsque nous avons appris à manger, avons-nous vécu des évaluations régulières pour vérifier que nous tenions bien nos couverts ?

Lorsque nous avons appris à faire du vélo, avons-nous vécu des évaluations régulières pour vérifier que nous savions bien pédalé et avions bien franchi toutes les étapes ?

Lorsque nous avons enfin réussi à préparer ce Paris-Brest qui nous tentait tant : avons-nous été évalués pour le faire ?

Lorsque nous avons jardiné et qu’année après année, nous avons compris comment réussir telle ou telle culture, avons-nous été évalués ?

Et lorsque nous sommes devenus parents, avons-nous été évalués avec notes à la clé ?

Pour toutes ces questions, la réponse est négative. Nous avons simplement appris. Nous avons échoué. Nous avons recommencé. Et puis nous avons réussi. Souvent imparfaitement. Et alors ? Nous n’apprenons pas pour les autres, nous apprenons pour nous.


Faut-il évaluer pour vérifier les acquis ?

Certains d’entre vous nous diront que c’est totalement différent lorsqu’il s’agit d’acquisitions scolaires. Pourquoi ? L’apprenant apprend-t-il pour l’évaluateur ou pour lui ? N’est-il pas plus positif de le rendre acteur et de lui montrer l’intérêt de ses apprentissages ?


Comment évaluer autrement ?

Difficile de renoncer à l’envie de contrôler et de se rassurer sur ce qui a été transmis. Nombre d’entre nous avons donc besoin d’une alternative à l’évaluation. Ci-dessous nous vous proposons donc quelques pistes de réflexion supplémentaires :

  • L’évaluation UNIQUEMENT si celle-ci est consentie et si la personne est sécurisée. Nous l’avons vu : rien de plus délétère qu’une évaluation qui détruit la confiance en soi.

  • L’auto-évaluation : celle-ci prend en compte la nécessité d’une motivation interne, elle permet d’être réellement acteur et de chercher à comprendre ce qui est réussi et ce qui ne l’est pas.

  • La confiance : réaliser que toute connaissance et compétence profite avant tout à l’apprenant et qu’il est donc dans son intérêt de mettre en œuvre les moyens nécessaires.

  • Et surtout le réinvestissement ! C’est en réalité le moyen le plus fiable de s’assurer d’une connaissance et d’une compétence. Le réinvestissement devant être dans une situation différente afin d’éviter le « bachotage » qui n’est qu’un « recrachage » à l’identique sans garantie que l’acquisition soit réelle ! C’est pourquoi le Monde de Mei et Noé a choisi la pédagogie de projets et conclut systématiquement ses kits par des propositions de Lapbook ou carte heuristique ou projet vidéo.

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