Aujourd'hui, c'est avec enthousiasme que nous partageons l'aventure d'Estelle, Marc, Léon (11 ans) et Lucie (7 ans), utilisateurs de notre univers et explorateurs à vélo !
Qui sont Estelle, Marc, Lucie et Léon partis voyager à vélo en famille ?
Bonjour Estelle, Marc, Lucie et Léon. Merci d'avoir accepté notre invitation. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Estelle : Bonjour, nous avons entre 7 et 45 ans et vivons habituellement dans le Beaujolais au nord de Lyon. Nous sommes portés depuis longtemps par des questions sociétales qu'elles touchent l'environnement, l'éducation ou la politique. Le fait d'être parent nous a conduit à nous questionner encore davantage sur ce que nous souhaitions et ce que notre société offrait comme modèle aux enfants. C'est une part importante de notre choix de vivre cette vie d'itinérance pour un temps en plus d'aller apprendre de nouvelles choses pour les rapporter telles de petites pépites à diffuser ensuite.
Comment décide-t-on de partir faire le tour de l'Europe en vélo ?
Depuis le 19 mars, vous avez décidé de voyager à vélo en famille et de parcourir l'Europe. Est-ce que c'est une décision que vous avez prise facilement ? Quel a été le moment où vous vous êtes dit "C'est bon, on le fait" ? Et quel a été alors votre premier réflexe ?
Estelle : Disons que la décision n'en est une qu'à moitié. Cela s'est plutôt imposé à nous. Comme une évidence et une réponse à nombre de nos questions.
Marc : Oui et nous avons aussi l'habitude de partir en vacances à vélo l'été.
Estelle : C'est lors d'un des retours justement où je n'arrivais pas à "revenir" à la maison, reprendre le quotidien etc... que les choses se sont enclenchées
Ensuite le premier réflexe...
Marc : L'intention. Quelle but ? Quelle intention on pose pour ce voyage ? Tu parlais de fil rouge à cette époque.
Estelle : Et puis très vite le questionnement autour du matériel vital, nécessaire pour partir.
Marc : On s'est donné un fil rouge, on s'est demandé comment s'organiser pour aller vers ça puis comment on l'organise avec le travail. Comment gagner des sous sur la route. J'ai donc changé un peu de travail en me spécialisant sur quelque chose de "nomadisable" et qui ferait sens pour moi : l'accessibilité numérique.
Avez-vous décidé d'une date de retour ? Et si non, comment pensez-vous la déterminer ?
Estelle : nous n'avons pas de date de retour. Cela dépend des souhaits de chacun de poursuivre ou non et de notre capacité à trouver un équilibre financier.
Comment s'organise-t-on pour partir avec des enfants en Europe à vélo ?
Partir avec des enfants, est-ce que ça a pu être une raison d'hésiter ou au contraire, un moteur supplémentaire ?
En choeur : Clairement un moteur !
Avez-vous anticipé des besoins particuliers liés à l'âge des enfants ? (fatigue, temps de jeu, etc.) Si oui, comment vous êtes-vous adaptés ?
Estelle : Nous sommes partis plusieurs fois en bivouac alors il y a des choses sur lesquelles on savait qu'il faudrait être attentif. Il y a souvent beaucoup d'arrêts avec les enfants ! Et c'est important de pouvoir y répondre notamment dans les parcs. S'arrêter tôt vers 16h/16h30 est l'idéal aussi. Ensuite on improvise beaucoup au début car il faut que tout puisse se goupiller donc ce n'est pas toujours évident. Il faut jongler entre le besoin de bouger des uns, celui de se poser des autres... On s'adapte donc en permanence.
Marc : On s'arrête beaucoup dans les aires de jeux et les médiathéques quand on peut. On n'adapte aussi nos choix pour nous permettre d'avoir des moments détente avec les enfants. Comme un camping avec piscine de temps en temps ou des visites de chocolaterie ou glacier ! Mais on y serait peut être allés sans eux !
Et vous les enfants, avez-vous tout de suite été partants ?
Lucie : ah oui ça m'a fait très plaisir. J'avais très envie d'une piscine dans les campings.
Léon : Moi j'étais trop content.
Comment vous êtes-vous organisés pour votre logement habituel ? Et comment avez-vous/pensez-vous organiser les rentrées financières pour vivre cette aventure ?
Marc : Nous avons loué notre logement de façon à ce que nos frais habituels ne coutent rien. Ce qui fait que l'on sait que l'on part au moins 1 an. Et pour le boulot, l'objectif est de réduire nos dépenses pour avoir à travailler moins. Enfin surtout, on calibre le travail à nos besoins réels.
Quels sont les bagages, les objets essentiels à emporter lorsqu'on part ainsi en vélo ?
Lucie : porte monnaie pour acheter des choses.
Léon : L'ordinateur parce que ça m'apprend à faire des trucs. Par exemple le rubicube ! Je suis fan. Et le monde de Mei et Noé.
Estelle : De supers sacoches étanches, des duvets bien chauds et de qualité afin de se transformer en petit Inuit pendant le dodo et des sacs en soie. De quoi filtrer l'eau aussi, un réchaud (nous avons opté pour un à essence plus facilement trouvable n'importe nous), de quoi charger quelques affaires (comme les lampes frontales, téléphones, lanterne...). Pour cela nous avons une dynamo vraiment top et des panneaux solaires qui fonctionnent super bien. Ensuite nous avons une toute petite batterie (qui tient dans la main) qui permet de raccorder directement à la dynamo lorsque l'on pédale. Il faut peu de vêtements, mais de qualité, respirants, qui puissent être agréables à porter quand il fait chaud et efficaces lorsqu'il fait froid. Nous avons surtout choisis des vêtements en laine mérinos et nous jouons à la technique de l'oignon quand les températures baissent. On empile les couches. Des sur-gants étanches et coupe vent pour rouler même sous les rafales de vents froids ou la neige, des imperméables de qualité technique, des combis de pluie pour les enfants, des doudounes sans manches et des vestes chaudes comme celles en softshell.
Comment traverser les villes et gérer les difficultés d'un voyage à vélo ?
Traversez-vous des villes ? Petites ou grandes ? Si oui, y a-t-il des adaptations à prévoir ?
Estelle : Oui les villes ne sont pas toujours faciles a traverser mais surtout pour y dormir nous faisons appel aux réseaux comme warmshowers et CCI (Cyclo Camping International).
Avez-vous des plans B en cas de besoin (enfant malade, panne de vélo, fortes intempéries qui durent par exemple) ? En avez-vous pour les autres pays européens ?
Estelle : Pas vraiment mais nous avons confiance dans le fait que la vie met sur notre chemin les choses dont nous avons besoin. Et les intempéries, on connait bien depuis le départ ! Et nous avons trouvé à chaque fois des personnes pour nous aider, nous soutenir ne serait-ce que par un sourire ou un petit mot, une attention particulière... Et parfois un hébergement d'une nuit à plusieurs jours.
Retrouvez par exemple leurs récits "Bricoleurs du dimanche" et "Orage, ô espoir".
Quels sont les difficultés et avantages de partir en voyage à vélo ?
Qu'est-ce qui, pour le moment, vous a semblé le plus difficile ? L'aviez-vous prévu ?
Lucie : les grosses montées.
Léon : La big côte de 12 % pendant 5 kms 1/2 pour aller à Vallon Pont d'Arc.
Estelle : la gestion du rythme peut être. On doit être très attentif aux besoins de chacun dans un quotidien en mouvement et sans savoir où nous allons dormir le soir. Le tout avec la gestion des apprentissages divers, le ravitaillement hyper régulier car on ne peut pas faire les courses pour longtemps et on ne peut pas non plus porter beaucoup. Et pour nous les repas c'est important ! Cela prend du temps et de l'énergie forcément et au début tout le monde doit retrouver des repères, se délester aussi de ce qui n'est plus utile...
Qu'est-ce qui pour le moment vous a semblé le plus agréable ? Etait-ce parmi les plus que vous aviez anticipés ?
Lucie : Mon truc préféré c'est les grandes descentes ! Et ça m'a fait très plaisir d'aller dans les villages. Et aussi ça m'a fait très plaisir d'être accueillie par des gens. J'ai adoré le musée du chocolat Valrhona et la dégustation des bonnes glaces à Terradélices.
Léon : La descente de 20 kms mais je savais qu'après la montée ça serait une descente ! Et oui moi aussi j'ai adoré Valrhona et Terradélices...
Estelle : Les découvertes de lieux, les rencontres, la nature...Le fait d'être dehors tout le temps. Cela me procure une vraie joie. Se réveiller au chant des oiseaux, à celui de l'eau, traverser d'un seul coup un plateau d'Ardéche après une rude journée de montée quand le soleil décroit et qu'il n'y a plus de bruit du tout... Ce sont des sensations tellement nourrissantes.
Marc : Visiter les musées hors des périodes d'affluence ! Il n'y a personne ! Rencontrer des animaux et des plantes que l'on ne connait pas ou que l'on ne voit pas souvent. Ca aussi c'est très chouette.
Comment voyager à vélo permet-il de vivre plus encore son engagement écologique ?
"Les enfants, c'est demain. Et demain c'est ici et maintenant que ça se construit."
Vous êtes très engagés écologiquement. De quelle façon cette expérience vous permet-elle de poursuivre votre engagement ?
Estelle : On doit vivre avec peu alors on se concentre sur l'essentiel et on ne gaspille rien. On prend mieux en compte le prix de l'eau quand on n'a plus de robinet et que l'on est au fond d'une vallée déserte. Et on comprend alors aussi mieux l'importance de se battre pour que cela reste un bien commun et que ce soit acté dans la loi. Le vivre est sans doute la meilleure manière de la transmettre aux enfants. On n'est plus alors dans quelque chose de mental ou de moral mais de vital.
Ensuite faire ce choix pendant un temps indéterminé est une manière de rayonner autre chose, d'inspirer et de susciter un autre regard sur les choses que l'on croit indispensables. C'est une façon de contribuer au changement que l'on souhaite voir advenir.
Offrir aux enfants un champ d'observation de l'humain et de la nature plus vaste, ça aussi c'est écologique quelque part... Tout dépend de ce que l'on met derrière ce mot. Nos façons de vivre, dans nos sociétés dites "modernes", ce qu'on y prône par la publicité, l'organisation des infrastructures, me donnent l'impression de les rétrécir, les uniformiser à une même pensée, un goût unique.... mais les moules sont de moins en moins qualitatifs... Les enfants c'est tellement précieux. Les enfants c'est demain ! Et demain c'est ici et maintenant que ça se construit.
Nous souhaitons faire découvrir concrètement aux nôtres tout ce que l'homme peut faire et créer de formidable et de constructif.
Il y a des gens remarquables partout, des personnes qui s'investissent réellement pour créer des choses nouvelles avec foi et joie. Comprendre que tout est possible et qu'il n'y a que nous pour réduire souvent inconsciement ces possibilités. Enfermés que nous sommes parfois dans nos vies, on finit par penser que nous n'avons pas le choix mais c'est faux. Si l'on revient au coeur de soi justement on peut de nouveau entendre ce qui nous guide et aller vers ce qui nous correspond le plus.
Marc : Pas mieux. On parle souvent de transition écologique mais la seule qui me semble valable c'est celle qui passe par une transition intérieure profonde qui nécessite que l'on sorte de nos habitudes, de notre quotidien... Garder en tête que l'on fait parti du vivant et qu'il est donc essentiel de le préserver.
Comment instruire son enfant lors d'un voyage en vélo ?
Les enfants sont jeunes, comment les instruisez-vous ?
Estelle : ça se cherche encore. Mais déjà il y a comme support l'excellent travail fourni par le monde de Mei et Noé. Les enfants aiment vraiment les dossiers thématiques surtout ceux sur l'histoire et les pays. Et il y a aussi comme un lien qui se crée avec "l'entité" que représente le monde de Mei et Noé. En plus tout le monde apprend du coup c'est aussi très plaisant pour moi ! On essaie de travailler tous les jours 1h. Plutôt le matin. Mais en réalité on se rend compte que cela est très dépendant de la météo par exemple. Des étapes à effectuer aussi, des rencontres que l'on peut faire... J'aimerais surtout que le plaisir d'étudier reviennent naturellement car naturellement les enfants ont ça ! Beaucoup d'apprentissage se font aussi par le voyage en lui même mais sont moins palpables qu'une conjugaison ou une table de multiplication. Si on partait vivre à vie comme cela c'est surtout nous adultes qui devrions ré-apprendre à faire confiance et à lâcher.
Vous avez également choisi de vivre une expérience avec des visites pour un enrichissement personnel. Quelles sont les visites qui vous attirent le plus ? Faites-vous des détours ?
Estelle: Tout nous attire car tout est passionnant et encore plus avec les enfants : musées de toutes sortes, sites historiques, fermes, artisanat, coopérative... Tout donne envie de plonger dedans pour comprendre, apprendre, découvrir, s'enrichir. Des détours ? Oui. Aujourd'hui nous avons escaladé une longue montée après une dure journée juste pour aller voir le très joli village d'Entraigues... où l'on a appris que Jean Ferra avait vécu et fini ses jours. Une occasion de leur faire découvrir quelques monuments de la chanson française peut être ?
Quels conseils lorsqu'on fait le tour de l'Europe en vélo ?
"Choisir. Et se faire confiance". "Le plus difficile est de choisir, le reste n'est que contingence".
Et/ou : Souhaitez-vous ajouter autre chose ? Partager un conseil particulier par exemple.
Estelle : quand une envie nous tiraille, se rappelle à nous plusieurs fois, c'est parfois bon de l'écouter et d'oser franchir le pas. Le plus difficile se situe vraiment uniquement à cet endroit. Choisir. Et se faire confiance ! Si on réapprend à bien écouter en soi je crois que l'on sait exactement ce qu'il nous faut. Et si jamais on entend mal et que ça ne va pas on peut toujours revenir en arrière ou bifurquer. On l'apprend aux enfants mais nous adultes avons tendance à l'oublier... On est pourtant tous dans cette même belle école qu'est la vie.
Marc : j'ai l'habitude de dire le plus difficile est de choisir, le reste n'est que contingence.
Merci encore Estelle, Marc, Léon et Lucie d'avoir répondu à notre interview !
Voyage d'Estelle, Marc, Léon et Lucie à retrouver sur l'autre chant des possibles.
Images personnelles d'Estelle, Marc, Lucie et Léon : merci de respecter leurs droits d'images et de ne pas les utiliser.
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